Environnement
Un puits de carbone pour lutter contre la pollution
Utiliser des micro-algues pour améliorer la qualité de l’air et produire de l’énergie verte ? Cette innovation prometteuse est testée actuellement dans l’usine colombienne du SIAAP.
Derrière les murs de l’imposante usine des eaux du SIAAP (Syndicat interdépartemental d'assainissement de l'agglomération parisienne), une expérience unique vient de débuter. En partenariat avec Suez, le SIAAP développe depuis un an une nouvelle technologie visant à lutter contre la pollution de l’air. Le syndicat a présenté le 17 janvier son prototype de puits de carbone, installé au cœur de ses unités d’incinération.
Un prototype unique en France
Ce puits se présente sous la forme d’un cylindre transparent de 3 mètres de haut, où bouillonne de l’eau rendue verte fluo par la présence de micro-algues. Le puits capte dans l’air le CO2 environnant, en l’occurrence celui des fumées de l’incinérateur, et le purifie par l’action de ces algues imperceptibles à l’œil nu.
Comment est-ce possible ? Le cylindre reproduit le processus de photosynthèse par le biais de LED installés le long de la paroi. Les micro-algues se développent, et sont ensuite prélevées et rejetées dans les réseaux d’assainissement, avant d’être transformées en gaz combustible en station d’épuration (méthanisation). Grâce à ce procédé, le SIAAP peut produire de l’électricité naturelle ou du biométhane, utilisé dans les réseaux de gaz naturel.
Cette technologie, encore au stade expérimental, remplit donc une double fonction : le cylindre purifie l’air ambiant ou celui des moteurs et fumées, tout en produisant une énergie propre, grâce à des techniques imitant des processus entièrement naturels.
Une inovation plébiscitée
Sur place, Nicole Goueta, maire de Colombes, a salué une « excellente initiative ». « C’est la démonstration que l’on peut innover en matière de développement durable, et c’est une chose essentielle pour notre métropole du Grand Paris, soumise aux effets des particules fines ». Belaïd Bedreddine, président du SIAAP, a rappelé l’ambition du syndicat, celle d’être « une référence en matière d’assainissement. Pour cela, nous devons agir de manière durable, trouver des solutions alternatives. Le puits de carbone est un condensé de cette réflexion ».
Ce puits, d’une contenance d’1 m3, peut aujourd’hui capter 1 tonne de CO2 en un an, l’équivalent d’une centaine d’arbres. Mais ce chiffre est amené à évoluer : le cylindre constitue un test, et un premier bilan sera effectué dans six mois. Le SIAAP et Suez construisent actuellement un deuxième prototype, qui sera installé en plein Paris, place d’Alésia, particulièrement exposée à la pollution. Une dizaine de projets sont enfin à l’étude sur des sites émetteurs de gaz à effets de serre, dont l’hypothétique village olympique des JO de 2024.
500
350